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![]() Lettre des Projets territoriaux de santé mentale Réalisée par le Comité régional d'éducation pour la santé, dans le cadre de l’animation régionale des PTSM que le CRES assure avec l’ARS. |
Janvier 2022 - N° 1 |
EditoCette lettre d’information est la première lettre réalisée dans le cadre de l’animation régionale des PTSM. Elle est prévue au rythme de 4 par an. Pour recevoir les suivantes, merci de vous inscrire : http://www.cres-paca.org/a/1153/inscription-a-la-lettre-des-ptsm-en-provence-alpes-cote-d-azur/ La loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, dans son article 69, fait évoluer la politique de santé mentale et l’organisation de la psychiatrie en introduisant notamment l’élaboration de Projets Territoriaux de la Santé Mentale (PTSM). L’enjeu de ces projets est la coordination intersectorielle et multi partenariale, à l’échelle d’un territoire défini, pour favoriser la mise en oeuvre d’actions de prévention, de repérage et de soin, ainsi que de réadaptation et de réinsertion sociale, dans une logique de parcours sans rupture. Elaborés de façon participative et démocratique, les PTSM sont rédigés et déployés sur une durée de 5 ans, à compter du 1 er janvier 2021. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 6 PTSM sont en cours de réalisation, un pour chaque département. |
Actualités santé mentale
![]() La Fondation de France lance les Ateliers du rétablissement, en partenariat avec Santé Mentale FranceQuatre ans après avoir initié les Ateliers Parlons Psy, la Fondation de France organise en partenariat avec Santé Mentale France les Ateliers du Rétablissement en santé mentale qui ont pour but de faire dialoguer les acteurs du secteur autour des pratiques de rétablissement et de promouvoir les meilleures initiatives en faveur de l’inclusion sociale et professionnelle des personnes concernées par des troubles psychiques. La première édition de ces rencontres régionales, qui devraient se poursuivre sur tout le territoire, s’est tenue le 18 octobre dernier à Lyon et a réuni près de 400 participants issus du champs médical, médico-social, et associatif. Une vidéo illustrée pour comprendre la notion de ParcoursLe Parcours en santé mentale est le chemin qui nous permet de combiner au mieux les ressources pour faire face à un problème de santé mentale. Pour rendre accessible ce concept, Psycom a imaginé une courte vidéo dans laquelle une main illustre, en temps réel, les messages clés énoncés par la voix off. Un outil pratique à découvrir, à partager et à utiliser pour expliquer la notion autour de soi. Psycom, 2021-12-13 #JPP : La santé mentale, je peux en parlerÉlaboré dans le cadre de la campagne nationale « Je Peux en Parler #JPP » de l'association étudiante Nightline, ce site ressources vise à ouvrir la parole sur les sujets de santé mentale entre pairs étudiant·e·s. Certains contenus relatifs aux troubles et au suicide ont été élaborés avec la participation du 3114 , du Psycom et Dites Je suis Là . Il est complété par le compte Instagram @nassera_cest_toi, sur lequel on peut désormais suivre les aventures d'une étudiante confrontée au mal-être de son meilleur ami. Les actions et comportements de Nassera sont influencés par les votes de la communauté en story et le scénario de la série Instagram évolue en fonction. Besoin de répit : 17 fiches-repère pour les aidantsEntre 8 et 11 millions de personnes aident régulièrement leurs proches âgés, malades ou en situation de handicap. Pour répondre aux difficultés de ces aidants au quotidien, mais surtout à leur besoin de répit, un guide composé de 17 fiches-repère a été élaboré, en lien avec des associations, pour présenter quelques formes de répit existantes. Organisé en rubriques correspondant aux différents besoins de l’aidant, ces fiches-repères sont illustrées par des exemples concrets de solutions de répit existant actuellement, qu’il s’agisse de dispositifs nationaux ou d’initiatives locales exemplaires. Ministère des Solidarités et de la Santé, 2021-12-06, 44 p. |
Focus
Le rétablissementLe rétablissement d’un trouble psychiatrique sévère est un processus d’apprentissage tout au long de la vie, pour autant, il n’est pas synonyme de guérison. Ce processus consiste pour la personne à retrouver son pouvoir d’agir pour mener sa vie avec et malgré la maladie, comme une personne vivant avec un diabète ou un asthme. Il se construit au travers de rechutes et d’échecs, dont les personnes et leur entourage tirent des leçons. Les approches de santé mentale orientées "rétablissement" tentent de répondre à la fois aux enjeux liés à la maladie elle-même (maitrise des symptômes) et aux conséquences sociales de la maladie (inclusion sociale). Les contenus développés ci-dessous permettent d’appréhender la notion de rétablissement à travers 3 exemples : 1 acteur, 1 action et 1 outil mettant en oeuvre le rétablissement. |
Un acteur
![]() Trois questions à... Yves Bancelin, médiateur en santé pair et coordinateur de la plateforme régionale Esper Pro
En 2002, à 20 ans, j’ai été diagnostiqué bipolaire. Depuis quelques années, j’avais des problèmes psy et d’addiction. A force de frasques, j’ai été viré du lycée puis hospitalisé en cure de désintoxication pendant deux mois et demi, mais je n’osais pas parler de mes bouffées délirantes aigües aux psychiatres. Comme je ne me soignais pas sur le fond, quand je suis entré en BTS, j’ai vécu une descente en enfer. En deuxième année, j’ai tout quitté pour bourlinguer. Au bout de cinq ans, j’ai réalisé que je consacrais ma vie à me défoncer. Je n’avais plus d’ami, plus de copine. J’ai rejoint mon père à Marseille où j’ai découvert le CSAPA(1) Notre-Dame. J’ai entamé un parcours de soin chaotique. Pendant ces deux ans d’errance entre soin et défonce, je trainais avec des mecs à la rue. Avec eux qui avaient tout perdu, je me sentais compris, je pouvais tout dire, même le plus intime. J’ai alors croisé l’équipe de psy de rue Marss(2). J’ai commencé à travailler avec eux pour aider les autres. Ça m’a permis de relativiser mon vécu, de poursuivre le travail chez la psy, d’équilibrer ma prise de médicament et de psychotropes. En 2012, j’ai intégré le programme de formation de médiateur de santé pair et j’ai été recruté par le service de réhabilitation du professeur Lançon. Là, je me suis vraiment soigné.
Il renvoie une image positive du malade. Nous incarnons un soin réussi, donc un défi professionnel et une reconnaissance. Notre présence incite à faire attention au vocabulaire et au regard porté sur l’usager. Pour les malades, nous représentons un espoir, la preuve que le diagnostic n’est pas un couperet. Nous montrons que l’on peut vivre avec une pathologie, s’adapter à la vie professionnelle, intégrer une équipe de soin. Pour les soignants, il est plus facile de s’identifier à un collègue qu’à un usager. Or, dans le cas du médiateur, l’usager devient le collègue, ce métier permet donc une libération de la parole mais aussi la possibilité d’exprimer ses propres failles. Au niveau de l’équipe, on impulse l’envie d’expérimenter une approche du soin élargie, de sortir des bureaux pour faire du sport, de la relaxation, de la méditation ou du karting. On porte la conviction qu’il y a des vertus thérapeutiques dans des activités hors psychiatrie classique.
En France, Esper pro est la première association de travailleurs pairs en santé mentale. Depuis 2019, elle porte une plateforme territoriale, un espace de rencontre entre pairs salariés qui constitue un pool de professionnels mobilisables par les équipes soignantes, les usagers et les institutions. Nous voulons fédérer des pairs professionnels et des pairs qui auraient envie de se professionnaliser. Ils viennent d’abord pour sortir de leur isolement et découvrir qu’ils ont des compétences sociales. Puis, ils peuvent se lancer dans la co-animation d’un atelier, faire des propositions. Ensuite, Esper pro peut les accompagner dans la professionnalisation. Le dispositif local d’accompagnement nous soutient pour développer ce rôle de découvreur de talents. Actuellement, nous avons signé dix contrats de prestation de service avec des hôpitaux, des cliniques privées, des associations ou des organismes de formation. Nous avons également sept conventions cadres avec des partenaires qui souhaitent favoriser le développement de la pair-aidance. (1) centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie. (2) mouvement et action pour le rétablissement sanitaire et social. Pour aller plus loin :
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Une action
Le rétablissement, une pensée dont il faut se saisir !Le concept de rétablissement (recovery) est devenu le nouveau paradigme des politiques de santé mentale depuis plus de 20 ans dans une grande partie des pays occidentaux, en particulier dans le monde anglo-saxon. En France, les pouvoirs publics peinent à s’emparer de cette pensée novatrice. Depuis cinq ans, le COFOR, subventionné par l’ARS PACA suite à un appel à projet du ministère de la Santé à l’époque, fait office de projet pilote. L'expérience des troubles psychiques est déstabilisante pour toute personne qui les traverse. Elle est souvent synonyme de douleur et d'incompréhension. Le centre de formation au rétablissement (COFOR) se détourne des anciens schémas systématiques de la psychiatrie pour offrir un nouveau raisonnement participatif élaboré par les étudiants en formation, des pairs-aidants et des proches aidants. Le projet COFOR a pour singularité de chercher à regarder autrement, de co-construire un autre modèle pour permettre à l’étudiant de retrouver un rôle social satisfaisant, primordial pour vivre «une vie gratifiante et pleine de sens», ce qui est l’objectif du rétablissement(1).
Photos et légendes issus d’une recherche-action participative par « Photovoix », réalisés par les étudiants du CoFoR en 2019 pour décrire ce qu'est le CoFoR pour eux, animée par Camille Allaria, sociologue.
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Un outil
Les Directives Anticipées Psychiatriques (DAP) : un outil de prévention prometteurAlbert Einstein a dit "La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent". N'est-il pas temps de faire autrement en psychiatrie, de sortir de l'urgence en ouvrant des espaces de parole et de réflexion sur les périodes de mal-être psychique ? C’est l'espoir porté par une nouvelle approche de la santé mentale qui se concrétise, entre autres, par le développement des Directives Anticipées Psychiatriques (DAP).
Les DAP sont un outil concis et pratique qui permet aux personnes vivant avec un trouble psychique de planifier à l’avance leur accompagnement thérapeutique en cas de perte de discernement ou de crise.
Les DAP ont aussi un rôle thérapeutique et préventif. Une partie est consacrée à la connaissance de soi et à l'anticipation, par l'analyse des signes avant-coureurs d’états de mal-être : Qu'est-ce qui m'aide ou non ? Que faire en cas de mise en danger ou de crise ? Comment suis-je quand je vais bien ? La personne peut ensuite faire appel à ses ressources personnelles en se référant à ses réponses.
Actuellement en France, les DAP sont seulement incitatives. C’est-à-dire qu’elles incitent les soignants à appliquer les volontés des personnes dans la mesure du possible, afin d’assurer un accompagnement au plus près de leurs attentes. Elles permettent aux professionnels d’améliorer la qualité des soins proposés aux patients.
Déployées depuis les années 90 aux États-Unis, les DAP se développent rapidement à travers le monde. Elles sont déjà inscrites dans la loi de plusieurs pays européens, leur conférant plus de poids juridique, bien que le respect des normes médicales prime toujours sur le choix des individus.
(1) Organisation Mondiale de la Santé, Comité Consultatif National d’Éthique, Haute Autorité de Santé, Contrôleur Général des Lieux de Privation de Libertés Contacts (informations et formation) : Elsa Castot, médiatrice de santé paire (APHM) - elsa.castot@ap-hm.fr et Juliette Robert, psychologue sociale de la santé (AP-HM) - juliette.r@protonmail.com Pour aller plus loin : La Psychiatrie du Soleil, 2021-04, 17:19
Visuel DAP (extrait)
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Documentation
Apprendre le rétablissement. Dossier , Rhizome, n° 65-66, 2017-12, 39 p.
Bérénice Staedel,
Wendy Hude
,
Programme médiateurs de santé-pairs
,
ADSP, n° 110, 2020-03, pp.8-9
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Comité de rédaction : Zeina Mansour, Nathalie Cornec, Cécile Chaussignand, Lisbeth Fleur, Gaëlle Lhours, Stéphanie Marchais, Marion Sylvain et les partenaires de ce numéro : Yves Bancelin, coordinateur plateforme régionale pairs ressources, association ESPER Pro, formateur au rétablissement / IPS Dr Aurélie Tinland, psychiatre et chercheuse en santé publique, responsable de l'équipe MARSS, AP-HM |
Périodicité : 4 numéros par an CRES PACA, 178 Cours Lieutaud, 13006 Marseille ![]() |